La question raciale était le problème n° 1 des Etats-Unis, celui que les lois ne pouvaient suffire à résoudre totalement. Les Noirs passèrent à l’action pour obtenir une égalité effective. Emeutes ensanglantées, manifestations de masse se succédaient, que ponctuaient les réactions criminelles d’extrémistes blancs.
Mot clé: Freedom ride
Les « voyages de la liberté » sont organisés par les associations étudiantes en faveur des droits civiques. Des jeunes, Noirs et Blancs confondus, traversent le Sud à bord d’autocars pour dénoncer la ségrégation. La réaction violente des Blancs du Sud (incendie d’un bus à Anniston le 14 mai 1961) contribue à donner une visibilité à ce type d’action.
Mot clé: Sit-in
Les associations étudiantes noires empruntent à Gandhi cette pratique, consistant à occuper un lieu ségrégué et à ne pas réagir aux brimades qui peuvent être infligées par les occupants blancs. Les premiers se tiennent dans les années 1940, à Chicago.
En 1960, fut expérimentée une autre forme de lutte contre la ségrégation, les sit-ins ou occupation sur le tas. Le 1″ février, quatre étudiants de Greensboro (Caroline du Nord) décidèrent de s’asseoir au comptoir d’un snack-bar dans le magasin populaire Woolworth, à 4 h 45 et attendirent jusqu’à la fermeture du magasin, en lisant leurs manuels scolaires. Naturellement, personne ne se présenta pour les servir. Ils quittèrent l’établissement sans incident, du moins physique, les Blancs s’étaient contentés de marquer leur réprobation par l’injure traditionnelle de « niggers ».
Moins de deux semaines après, une quinzaine de villes étaient touchées, moins d’un mois après, une trentaine, et le mouvement continua à se propager. A Nashville (Tennessee), des sit-ins furent pratiqués simultanément dans six établissements de la ville. Des Etats autres que ceux du Sud furent touchés : Ohio, Illinois, Nevada, où la ségrégation dans les restaurants existait seulement de fait. Selon Martin Luther King, « nés spontanément, mais guidés par la théorie de la résistance non violente, les sit-ins dans les restaurants accomplirent l’intégration au sein de milliers de communautés au rythme le plus rapide enregistré jusque-là ».
Surtout ce mouvement amena devant les tribunaux de nombreuses plaintes qui entraînèrent l’application du 14e amendement. Finalement, en novembre 1961, la Cour suprême invalida la ségrégation dans les restaurants, nouvelle victoire pour la communauté noire.
D’autres formes, plus élaborées, d’occupation sur le tas, se développèrent par la suite, variables selon le cas : installation sur des plages fréquentées par des Blancs ; entrée dans des piscines dont certaines furent fermées pour empêcher une décision d’intégration ; participation au culte dans des églises blanches ; implantation dans des quartiers réservés à des Blancs. Ainsi était signifiée la volonté des Noirs de mettre fin à la ségrégation sous toutes ses formes.
En 1961, le C.O.R.E., sous la direction de James Farmer, lança une nouvelle forme d’action, supposée non violente, pour éprouver la déségrégation dans les transports : c’est l’épisode des Freedom Riders. Ayant au préalable subi un entraînement, des Blancs et des Noirs quittèrent Washington le 4 mai 1961 à destination du Sud, dans plusieurs autobus.
Dès l’apparition des autobus des Freedom Riders, les incidents se multiplièrent. A Anniston, dans l’Alabama, la foule s’empara d’un des autobus pour y mettre le feu. Le même jour, à Birmingham, un autre autobus fut arrêté et ses occupants battus. Jusqu’alors, les voyageurs n’avaient pas opposé de résistance. Quelques jours plus tard, l’arrivée de Freedom Riders à Montgomery déchaîna une véritable émeute. Prévenus de leur arrivée, des Blancs les attendaient à la gare routière, les attaquèrent dès qu’ils eurent mis pied à terre et les pourchassèrent dans les rues voisines avec des pales de base-ball. Bien qu’avertie de troubles possibles, la police locale n’intervint que lorsqu’il y eut déjà plusieurs blessés, noirs aussi bien que blancs. Entre-temps, une foule en délire s’était saisie des bagages des voyageurs et y avait mis le feu. L’utlisation de gaz lacrymogènes ramena finalement l’ordre.
D’autres incidents surgirent à l’arrivée des Freedom Riders à Monroe (Caroline du Nord) choisi à dessein parce que peu auparavant des Noirs avaient été arrêtés à la suite d’un raid sur une piscine dont ils réclamaient la déségrégation. Pendant que les Noirs passaient en jugement, les Freedom Riders établirent des piquets autour du palais de justice. Attaqués par la population blanche, ils furent secourus par leurs frères de couleur. Un violent accrochage s’ensuivit, un couple blanc connu pour ses sentiments racistes faillit être massacré par la foule et ne dut son salut qu’à la protection du leader noir local qui, pour apaiser la communauté blanche, s’enfuit au Canada.
Avec les Freedom Riders, la violence fait donc sa réapparition, en dépit des consignes données aux volontaires. Le résultat recherché fut cependant atteint : le 22 septembre 1961, la Commission du commerce inter-Etats renouvelle l’interdiction de toute discrimination dans les transports routiers entre Etats. Depuis, les Freedom Riders ont surtout poussé les Noirs à se faire inscrire sur les listes électorales, ce qui valut à trois d’entre eux d’être assassinés près de Philadelphie (Miss.) dans des circonstances particulièrement odieuses, en 1964