De 1936 à 1943, Doehring fut l’aide de camp chargé d’administrer le Berghof, la résidence bavaroise du Führer nazi: retrouvé par la télévision britannique, il a rompu le silence.
Chaque matin, il devait veiller à ce que les chaises soient à la même place que la veille, à ce que les rideaux soient ouverts convenablement et à ce que les fleurs soient bien disposées : les habitudes au Berghof étaient simples mais strictes. De 1936 à 1943, Herbert Doehring fut l’intendant de cette résidence construite sur les pentes de l’Obersalzberg, les Alpes bavaroises, au-dessus de Berchtesgaden, où Hitler passait plus de six mois de l’année. A 84 ans, cet Allemand qui avait rejoint en 1934 le corps des SS (Schutzstaffel) et était entré dans la section des gardes du corps personnels (SS Lebenstandarte) du Führer, a accepté de rompre le silence. Il a raconté à la télévision britannique ‘ les sept années passées auprès de celui-ci.
« Hitler n’apparaissait jamais avant midi, raconte Doehring. Son humeur était imprévisible. Si quelqu’un l’avait entendu siffloter, c’était mauvais signe, comme un signal d’alarme. Par contre, s’il descendait en fredonnant, on pouvait prendre le risque d’entamer la conversation.» En fait, la journée commençait par un interminable déjeuner qui avait le don d’agacer Albert Speer, architecte puis ministre de l’Armement, un intime du Berghof.
Nommé au Berghof le 12 mai 1936, Herbert Doehring (qui finira officier dans les blindés en 1943 sur le front de l’Est) avait la responsabilité d’une cinquantaine de personnes, femmes de chambres, cuisinières, chauffeurs, standardistes, et veillait à la bonne marche d’une maison où n’étaient admis que les intimes et les chefs nazis. Doehring épousa, avec l’autorisation du dictateur, Ansi, la cuisinière favorite d’Hitler et amie de sa maîtresse, Eva Braun.
Après le déjeuner, Hitler faisait de longues marches à pied et après le dîner, il se faisait projeter un ou deux films dans sa salle de projection de 20 places. Il montait se coucher, s’enfermait dans sa chambre pour lire. En fait, au début de son installation au Berghof Hitler ne s’intéressait absolument pas aux problèmes de gouvernement «auxquels il ne consacrait que deux à trois heures par jour». Ce n’est qu’à la fin des années 30 qu’il consacra plus de temps à la politique.
Doehring était aussi responsable du secret qui devait entourer les relations du Führer et de sa maîtresse, «une liaison qu’il estimait indigne de lui ». Il devait veiller à ce qu’Eva Braun reste bien cachée lors de la venue de visiteurs. Leurs relations étaient uniquement physiques et totalement dépourvues de romantisme. Ils faisaient chambre à part. L’aide de camp estime même qu’Hitler a eu souvent envie de rompre. Il ne faisait absolument pas confiance à sa maîtresse et ne la laissait jamais entrer seule dans sa chambre, fermée à clef quand il s’absentait. «Hitler ne voulait pas se marier et encore moins avoir des enfants. Il se prenait pour un tel génie que si ses enfants s’étaient révélés incapables, il en aurait été ridicule.»