La vie des collabos à Sigmaringen ...
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Dans une autre aile du château, sont logés ces messieurs de la délégation gouvernementale (rebaptisée Commission) mise en place par les autorités allemandes pour tenir lieu de structure gouvernementale. Non reconnue par Pétain, elle ne peut qu'essayer de donner le change à cet égard en affectant de se recommander de lui par la tromperie et le mensonge.
Son activité tourne à vide, ses membres n'ayant pratiquement autorité sur rien ni personne parmi les Français d'Allemagne: prisonniers de guerre et travailleurs forcés principalement. Déat ( gauche ) est un ministre du Travail sans travailleurs; le général Bridoux un ministre sans autorité sur les prisonniers de guerre français ; Jean Luchaire, à l'Information, veille sur un journal, La France, et une radio, Ici la France, sans véritables lecteurs ni auditeurs ; Joseph Darnand, secrétaire d'Etat à l'Intérieur, voit sa milice passée en Allemagne se dissoudre peu à peu. Ferdinand de Brinon ( bas ) est un président qui ne coordonne rien, chacun des membres de la Commission restant très jaloux de ses prérogatives. Si l'on ajoute à cela le poids d'une surveillance policière allemande de tous les instants, on aura pris la mesure d'un microcosme par ailleurs traversé d'inimitiés personnelles et de rivalités d'intérêt.
Deat
Brinon
Pour ce petit monde, c'est une vie au château plus qu'une vie de château. Les membres de la Commission prennent leur repas en commun avec leurs épouses dans la salle à manger des Hohenzollern-Sigmaringen. Le gong sonne pour annoncer le déjeuner pris à midi trente. Les menus imprimés sont de règle et le service cérémonieusement assuré par le maître d'hôtel du château. On fréquente assidûment Déat, le normalien et philosophe, et surtout la bibliothèque du château riche de dizaines de milliers de volumes. Les Déat font, le soir, d'interminables parties de Lexicon. Darnand tire sur sa pipe.
L'angoisse, en fait, les ronge comme un cancer au rythme de l'annonce des nouvelles de France. Ainsi ce soir du 9 novembre 1944 où l'on apprend l'exécution du journaliste engagé Georges Suarez, premier condamné à mort des tribunaux réguliers. Les distractions sont rares, les mondanités peu à l'ordre du jour, et les gens de la Commission frayent à part. La pianiste Lucienne Delforge donne un grand récital la nuit de Noël 1944, dans la galerie portugaise du château. La messe de 11 heures, le dimanche, rapproche un temps les gens du château et la communauté française dispersée en ville. Sur la Com-mission plane l'ombre de Jacques Doriot, appelé à prendre la direction d'un véritable gouvernement. Son heure son-nera alors qu'approche la fin de l'épisode de Sigmaringen.
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