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Ambitions et sacrifices des représentants
du peuple

Les représentants
du peuple

On les a appelés proconsuls, pouvoir ambulant, députés de l'Enfer. Eux-mêmes se voyaient en missionnaires du nouvel évangile républicain.

La victoire n'était nullement une garantie de survie

representant du peuple en mission
La victoire, pour un général, n'était nullement une garantie de survie, mais presque un risque supplémentaire.
Plus encore que d'un incapable ou d'un traître, la République avait en effet la hantise prémonitoire d'un général trop heureux. Et Saint-Just allait jusqu'à reprocher à Barère, porte-parole du Comité de salut public, d'abuser des envolées oratoires lorsqu'il annonçait des succès militaires à la tribune de la Convention. Le soldat qui défendait la Nation devait s'identifier à elle, et non à son régiment ou à son chef.
Mais les représentants, à force de pourchasser des héros virtuels, en firent de bien réels. Ce sont eux qui firent sortir du rang les Hoche, les Kleber, les Jourdan, les Masséna, avant de consacrer de leurs mains le César redouté. Bonaparte en effet dut sa carrière à deux représentants en mission, Salicetti, et surtout Gasparin.
Cette rigueur avait pour conséquence une dérobade générale devant les responsabilités. Personne n'avait plus d'ambition. « Tout le monde voulait obéir. » Pichegru lui-même commença par refuser le commandement de l'armée du Rhin. Les autres invoquaient soit leur incompétence soit leurs antécédents nobles.
Bouchotte, admiratif mais inquiet, prenait ces réticences pour un excès de modestie.

Poitrine nue face au canon

représentants du peuple à la guerre
La crainte qu'ils inspiraient finit par leur donner le principal rôle sur les champs de bataille. Ils s'y montraient d'ailleurs intrépides, et lorsque les balles frôlaient de trop près leur panache ils entonnaient la Marseillaise dont l'impact lyrique avait raison de toutes les défaillances.
Soubrany, ex-officier de dragons, offrait au canon sa poitrine nue et sa physionomie farouche surmontée d'un énorme bonnet à poil.
Merlin de Thionville, dépassant tout le monde de sa haute stature, les cheveux flottant sur les épaules, se jetait dans la mêlée avec tant de fougue qu'on l'avait surnommé le diable de feu.
Certains furent grièvement blessés, comme Châles qui fit porter en triomphe son écharpe teintée de sang. L'un d'eux, Fabre de l'Hérault, fut même tué à l'armée des Pyrénées.
S'ils donnaient généreusement de leur personne, ils entendaient aussi se mêler des opérations. Leur stratégie, celle du Comité de salut public, était simple : attaquer massivement, toujours et partout. Ils harcelaient les états-majors de conseils et de menaces et les officiers préféraient perdre des batailles plutôt que d'encourir leur colère.
Il arriva que leur obstination coûta cher, comme à Pirmassens en septembre où il y eut deux mille morts. Parfois au contraire elle payait : Cassanyès, jeune médecin du Cannet, au mépris de toute objection, entraîna les troupes sur Perpignan et s'empara de la Cerdagne.
Saint-Just, en 1794, faisait passer cinq fois la Sambre à l'armée du Nord jusqu'à la victoire de Fleurus.
D'eux-mêmes ils en vinrent cependant à comprendre que la première qualité d'un chef militaire, en temps de guerre, était la connaissance du métier des armes. Ils s'inclinèrent devant les talents lorsqu'ils les constatèrent et défendirent à plusieurs reprises des généraux nobles. Merlin de Thionville fit décréter par la Convention qu'aucun grade, fût-ce celui de caporal, ne serait attribué à un illettré.
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