L'exode vers Berlin-Ouest
exode de berlinois

En 1961, l'exode prend les proportions d'un raz de marée. A Marienfelde, au sud du secteur américain, on doit affecter vingt-cinq immeubles de trois étages à l'accueil des réfugiés. Au cours des premières semaines de 1961, on atteint la limite de la saturation : on doit ouvrir vingt-neuf autres camps provisoires. Les équipes chargées d'interroger les nouveaux arrivants — car des espions peuvent s'infiltrer parmi eux — se voient débordées. Sur les lignes aériennes de Berlin-Ouest vers la RFA, on passe de treize à vingt et un vols quotidiens '.
A l'aéroport de Hanovre-Langehagen, une journaliste du Frankfurter Rundschau interroge un jeune serrurier qui vient d'atterrir. Elle lui demande pourquoi il a quitté l'Allemagne de l'Est. Il répond que, là-bas, on meurt presque de faim.
Quand même, observe-t-elle, vous paraissez mieux nourris et mieux vêtus qu'il y a cinq ou six ans.
C'est vrai, répond-il. Ça s'est un peu amélioré ces dernières années, je vous l'accorde. Mais celle-ci a été un vrai désastre. On n'a même plus de pommes de terre. Et on ne veut rien importer, même si la récolte a été complètement ratée.
La journaliste demande au serrurier si c'est à cause des bas salaires qu'il a décidé de tout quitter. Il secoue la tête.
Non. Cinq cents marks, après tout, ce n'est pas si mal. Mais s'ils bouclent Berlin, on se retrouvera pris au piège. Alors, ils pourront faire de nous ce qui leur plaira.

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