Les hommes de peine

Verdun, 300 jours en enfer

Parmi les hommes de Verdun, certains méritent une mention spéciale. Comme les territoriaux, téléphonistes, coureurs et hommes de soupes...
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Les blessés à Verdun

Pour les blessés de Verdun, il n'était pas de fine blessure. Ceux qui pouvaient marcher risquaient autant qu'à leur montée en ligne. S'ils avaient la chance d'être « brancardés », être tué sur le brancard ou rester vivant près de porteurs tués revenait au même. Quantité de blessés moururent d'épuisement. Les statistiques comptent pour Verdun deux fois plus de disparus, c'est-à-dire de morts non identifiés, que de morts certains. L'insensibilité aux plaintes déchirantes naissait de l' « inoculation quotidienne de l'horreur ». Les brancardiers se crevaient à leur tâche.
Au poste de secours du bataillon, les petits majors, médecins auxiliaires ou à un galon, étudiants improvisés chirurgiens, refaisaient les pansements, triaient, évacuaient sur les ambulances divisionnaires. Si l'on peut en sortir sans casse, les courageux chauffeurs américains conduisent, sous le bombardement, leurs autos jusqu'aux hôpitaux de l'arrière, où la gangrène sévit.

Territoriaux, téléphonistes et coureurs

Territoriaux, téléphonistes et coureurs pendant la bataille de Verdun
Parmi les hommes de Verdun, certains méritent une mention spéciale.
Les territoriaux d'abord, dont plusieurs bataillons étaient encore en ligne le 22 février, dans ce secteur jugé de tout repos. Par la suite, ils y fournirent les services de l'arrière : entretien de la Voie sacrée, terrassements, transports de munitions et de matériel jusqu'aux dépôts. Ces hommes de peine de Verdun y payèrent largement leur tribut de souffrances et de dangers.
Quant aux téléphonistes, ils devaient, sans répit, par équipes de deux, réparer les lignes coupées. Sous les obus, ils bondissaient de trou en trou avec leur rouleau de fil et l'appareil qui servait à délimiter les cassures, la baïonnette remplaçant le fil de terre. Pour relier plus directement les unités, les agents de liaison réglementaires ne suffirent bientôt plus.
On recruta donc dans la troupe des coureurs, spécialisés en effet dans la course : courir pour sortir des zones infernales, pour apporter à son destinataire le renseignement, la demande de renfort ou de tir de barrage. On usait, dans tous les sens du mot, ces hommes obscurs et anonymes, as du démerdage et gonflés à bloc, qui ne pouvaient emprunter que des pistes repérées.
Sans appartenir à une catégorie déterminée, les hommes de soupe accomplissaient chaque jour leur humble devoir. L'historique du 18° bataillon de chasseurs précise : Ils mettent presque une nuit entière et rentrent, harassés, au petit jour, faisant quelquefois les derniers cent mètres sous les balles des mitrailleuses.
Le lieutenant Campana envoya au ravitaillement, un soir de mars, une équipe de huit hommes, dont cinq seulement revinrent le matin... sans les rations. Le soir, huit autres repartirent. Aucun ne revint.