Ils jouaient au ballon pour
tromper l'ennui. La guerre
de position a favorisé la pratique
du sport, car, contrairement à
une idée reçue, si les combats furent
tous d'unegrande intensité
meurtrière, ils furent rares et parfois
brefs. Aussi, le poilu découvrit-il l'ennui dans les tranchées, immobile, à attendre tout
le jour l'ennemi.
Ainsi le sport distrayait-il
les troupes tout en les galvanisant
et en leur infusant cette alchimie
que seul l'esprit du rugby
engendre, par exemple, en faisant
jouer le collectif avec
courage et détermination. D'ailleurs,
nombre de rugbymen de
légende, anglo-saxons, mais également
de l'Aviron Bayonnais ou
du Stade Toulousain , périrent
au front. L'un d'entre eux,
nommé Manguez, frappé d'une
balle de mitrailleuse, déclara avant de mourir: Allez dire
que je n'ai pas encore reculé devant
la mêlée !.
Encouragé par les officiers, la
pratique du sport, notamment
des sports collectifs,
le fut sous l'impulsion des soldats
anglais, lesTommies,le football
connaîtra un essor formidable
qui ne se démentira plus
jamais, et l'athlétisme se développent
sur tous les fronts dès 1915, lorsque les « pantalons
rouges» deviennent les poilus.
Car il fallait de sacrées doses de
courage pour monter à l'assaut,
baïonnette au clair. A ce propos,
si d'aucuns
chauffaient leurs muscles
en faisant du sport afin d'entretenir
une forme
physique indispensable pour
combattre au corps à corps, il semble
qu'avec l'usure du temps et
la déprime qui s'installa au coeur
des tranchées, les Poilus préférèrent
au foot, boire le 3/4 de litre
de pinard quotidien et la dose de
gnole qui leur étaient distribuées,
afin de se donner une forme d'inconscience provoquee par
l'ivresse. Et il y a fort à parier que
le saut hors de la tranchée s'effectua
souvent les jambes coupées par l'alcool. ..
La musique, une des distractions principales du Poilu
La musique reste une des principales distractions du soldat. Il en joue et en écoute. Rythmée par des sonneries diverses, la vie militaire a ses propres musiciens — tambours et clairons — et ses musiques régimentaires. Dès décembre 1914, le premier concert a lieu pour les soldats français sur le front. Des chorales vont rapidement se créer dans les unités, reprenant des répertoires de chants régionaux. Afin d'augmenter l'ampleur des formations, on fabrique des instruments, travail souvent effectué par des « facteurs » professionnels mobilisés. Du pipeau ou de la flûte à bec jusqu'aux accordéons, violons et guitares, en particulier dans les camps de prisonniers, on rencontre tous les instruments et tous les répertoires.
Musique classique et chants régionaux côtoient ainsi les chansons à boire. Les paroles des chansons en vogue sont détournées pour construire un répertoire parallèle, fameux chez les poilus. Ces derniers copient les paroles et diffusent largement les couplets par l'intermédiaire des journaux de tranchée. En 1917, les chants révolutionnaires comme La chanson de Craonne, évoquant la lassitude et le désespoir des combattants, sont très populaires mais rigoureusement interdits sur le front.