Fonck d'abord élu député dans la Chambre bleu horizon, utilisera ensuite ses connaissances d'ingénieur pour préparer avec Sikorski l'avion avec lequel il veut traverser l'Atlantique. Navarre s'est tué au cours d'un essai. Non, la guerre n'a pas nourri ses héros. Elle leur a seulement permis de vivre souvent au-dessus de leur condition durant tout le temps où ils se sont battus.

Oui, d'où venait l'argent ? Pas seulement pour Nungesser, pour tous les autres ? Les femmes, abusivement compréhensives pour certains d'entre eux, n'expliquent pas tout. On a parlé, sans jamais l'approfondir, du moins à ma connaissance, de primes offertes par les constructeurs pour chaque avion abattu. Cette récompense financière aurait été, en temps de guerre, l'équivalent des avantages pécuniaires que les constructeurs automobiles accordent, en temps de paix, à leurs pilotes de courses victorieux. Dans les deux cas, il s'agit de « pousser la marque ».
Chez les uns dans une intention publicitaire, chez les autres afin d'obtenir des commandes plus importantes de l'armée. Nieuport et Spad, les deux entreprises rivales, équipant l'une Nungesser, l'autre Guynemer, avaient, par exemple, tout à gagner à voir leur as supplanter celui du concurrent au communiqué. Ce système a-t-il réellement existé ? Rien ne le prouve. On cite, mais sans jamais en apporter la preuve matérielle, des lettres de pilotes réclamant à un camarade en permission à Paris le règlement de primes qui auraient été abusivement encaissées en leur nom auprès du constructeur. Mais le mystère demeure entier.
Les As fréquentaient les lieux élégants, affichaient de coûteuses liaisons, roulaient en voiture et ne se privaient de rien. La guerre achevée ne les a pas vus cousus d'or, cela est sûr. Nungesser a dû vendre la Rolls Royce offerte par le prince de Galles, — qui l'a rachetée pour la faire rapporter devant sa porte —, et la revendre ensuite une seconde fois.