La Garde recule ...
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le cri : « La garde recule I » retentit comme le glas de la Grande Armée. Chacun sent que tout est fini. L'infanterie de Reille, les cuirassiers, les escadrons de la garde, qui marchent enfin pour seconder l'attaque de Ney, s'arrêtent paralysés. Les soldats aux prises sur les crêtes, au-dessus de la Haye-Sainte, avec les brigades anglaises voient la garde plier. Ils cèdent aussi le terrain conquis et redescendent au pied du coteau, entraînant dans leur retraite la division Marcognet qui a abordé sur le prolongement de leur droite les positions ennemies.
Le mouvement de recul gagne toute la ligne de bataille, de la gauche à la droite. Panique trop explicable, si l'on songe à l'état d'esprit des soldats, troublés, possédés depuis trois mois par des craintes de trahison. Tout paraît justifier leurs soupçons. Ils ont vu passer à l'ennemi un général, un colonel, des officiers de tout grade. Parmi leurs cartouches, ils en trouvent qui sont bourrées de son en place de poudre. Ils s'étonnent de tant de mouvements décousus, ils sont rebutés par tant d'assauts sans résultat. Enfin ils attendent le corps de Grouchy, dont on leur a annoncé l'approche, et c'est le corps de Zieten qui survient pour les écraser.
la Garde recule à Waterloo
La débandade commence, s'accroît. Les Prussiens se ruent à l'assaut, débusquent des fermes les quelques poignées de braves qui tiennent encore malgré la panique et les rejettent dans les ravins.
Les débris des quatre divisions de d'Erlon refluent les uns sur les autres, se heurtent, se bousculent, se rompent mutuellement. A l'est de la grande route, dans le creux du vallon où se croisent les paquets de mitraille anglaise et les boulets prussiens, c'est la plus lamentable confusion.
Wellington veut achever cette armée blessée à mort. Il pousse son cheval jusque sur le bord du plateau, devant le front de bataille, se découvre et agite son chapeau en l'air. On comprend Ce signal. Toutes les troupes se mettent instantanément en marche dans l'ordre où elles se trouvent. Sans prendre le temps de se rassembler, les bataillons, les batteries, les escadrons des différentes divisions s'élancent côte à côte, passant sur les morts, écrasant les blessés sous les pieds des chevaux et les roues des canons. De la droite à la gauche, cavaliers, fantassins, artilleurs, quarante mille hommes, dévalent en torrents, au son des tambours, dans les premières ombres du crépuscule.
la Garde de Napoleon recule à Waterloo
A cette vue, effrayante même pour des braves, les derniers échelons d'infanterie font demi-tour et remontent précipitamment, avec presque toute la cavalerie, les coteaux à l'ouest de la Belle-Alliance ; les bataillons de tête, plus immédiatement menacés d'être broyés par l'avalanche, se débandent et s'enfuient. On abandonne la Haye-Sainte, on abandonne le verger d'Hougoumont, on abandonne le bois. Les hussards de Vivian et les dragons de Vandeleur, qui font trouée devant les masses anglaises sabrent les fuyards au cri féroce : No quarter ! No quarter
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La bataille de Waterloo