L'armée française avant la bataille ...
rideau
Les troupes prennent leurs positions de bataille. Napoléon, remonté à cheval, les passe en revue à mesure qu'elles se forment sur le terrain. Tout le plateau est sillonné de colonnes en marche. Le corps de d'Erlon serre sur sa droite pour laisser le corps de Reille s'établir à la gauche. Sur les flancs et en arrière de ces premières lignes d'infanterie huit divisions de cavalerie commencent à se déployer, sabres et cuirasses brillant au soleil, flammes des lances ondulant au vent. C'est un chatoiement de nuances vives et d'éclairs métalliques.
 Aux chasseurs portant l'habit-veste gros vert à parements aurore ou écarlate et le charivari de cuir fermé par de gros boutons, succèdent les hussards dont les dolmans, les pelisses, les culottes à la hongroise, les plumets des shakos varient de couleur dans chaque régiment ; il y en a de marron et bleu, de rouge et bleu de ciel, de gris et bleu, de vert et écarlate.
Passent ensuite les dragons aux casques de cuivre à turban de peau de tigre, les buffleteries blanches croisant sur l'habit vert à parements rouges ou jaunes, le grand fusil à l'arçon battant la botte rigide ; les chevau-légers-lanciers, verts comme les chasseurs et ayant comme eux la chabraque en peau de mouton, mais se distinguant par le casque à chenille, la coupe et la couleur du plastron ; les cuirassiers qui portent le court habit bleu impérial à collet, retroussis et garnitures d'entournures rouges ou jaunes, selon les régiments, la culotte blanche, la haute botte, la cuirasse et le casque d'acier à cimier de cuivre et à crinière flottante ; les carabiniers, géants de six pieds, vêtus de blanc, cuirassés d'or, coiffés, comme des héros antiques, de grands casques à chenille rouge.
armee française avant Waterloo
le matin de la bataille de Waterloo
La garde à cheval se déplace en troisième ligne : dragons avec l'habit vert à revers blancs et le casque à plumet rouge ; grenadiers avec l'habit bleu à parements écarlates, la culotte de peau, les contre-épau­lettes et les aiguillettes jaune orangé, le grand bonnet d'ours à plumet et à fourragère ; les lanciers qui ont la kurka rouge à plastron bleu, les épaulettes et les aiguillettes jonquille, le pantalon rouge à bande bleue et enfin, les chasseurs aux dolmans verts, garnis de tresses orange, aux pelisses rouges bordées de fourrure, aux kolbachs à flamme écarlate et à grand plumet vert et rouge. Sur les épaulettes, les tresses, les galons, les brandebourgs des officiers, ruissellent l'or et l'argent.
Par la route de Bruxelles débouchent d'autres troupes. Il arrive des hommes et des chevaux et des canons d'aussi loin que porte la vue : les nombreux bataillons de Lobau, les chasseurs de Domon, les lanciers de Subervie, l'artil­lerie à pied dans son sévère uniforme bleu foncé relevé de rouge, l'artillerie à cheval, le devant du dolman cou­vert de brandebourgs écarlates ; la jeune garde, tirailleurs à épaulettes rouges, voltigeurs à épaulettes vertes ; les canonniers à pied de la garde, coiffés du bonnet d'oursin et marchant près de ces redoutables pièces de 12 que l'empe­reur nomme « ses plus belles filles ».
Tout à fait en arrière s'avancent les colonnes sombres de la vieille garde. Chasseurs et grenadiers ont la tenue de campagne : pantalon bleu, longue capote bleue à un rang de boutons, bonnet à poil sans le plumet ni le cordon. Leur uniforme de parade pour l'entrée triomphale à Bruxelles est dans leur havresac, ce qui leur fait, avec leur équipement, leurs armes et leurs cinquante cartouches, une charge de soixante-cinq livres. On ne distingue les grenadiers des chasseurs que par leur taille plus élevée, la plaque de cuivre de leur oursin et leurs épaulettes qui sont toutes rouges, tandis que celles de leurs camarades ont le corps vert et les franges rouges. Les uns et les autres portent la queue et la poudre et ont aux oreilles des anneaux d'or massif du diamètre d'un petit écu.
Les tambours battent, les trompettes sonnent, les musiciens jouent : Veillons au salut de l'Empire. En passant devant Napoléon, les porte-aigles inclinent les drapeaux, les cavaliers brandissent leurs sabres, les fantassins agitent leurs shakos au bout des baïonnettes. Les acclamations dominent et étouffent les tambours et les cuivres. Les Vive l'empereur I se suivent avec une telle véhémence et une telle rapidité qu'ils empêchent d'entendre les commandements. « Jamais, dit un officier du ler corps, on ne cria : Vive l'empereur  avec plus d'enthousiasme ; c'était comme un délire. Et ce qui rendait cette scène plus solennelle et plus émouvante, c'est qu'en face de nous, à mille pas peut-être, on voyait distinctement la ligne rouge sombre de l'armée anglaise. »
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La bataille de Waterloo