Le début de la retraite de Russie
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debut de la retraite de russie

Coupé de son Empire par la lenteur et l'incertitude des communications, Napoléon préfère regagner la Pologne et préparer une nouvelle campagne pour le printemps 1813. Ce sera donc la retraite.
Mais ce mot de retraite implique une insupportable idée d'échec. Or il se trouve que l'armée du maréchal Koutouzov, qui campait au sud de Moscou depuis la défaite de Borodino, tente, le 18 octobre, un coup de main sur les avant-postes français. Napoléon saisit ce prétexte pour faire sortir son armée de Moscou. Il cherche à sauver la face, comme en témoigne l'un des premiers récits de la retraite, écrit par Eugène Labaume (1783-1849), un témoin oculaire qui prit des notes en utilisant comme encre de la poudre à canon délavée dans la neige fondue. Son récit fut publié en 1814 :
« Quiconque n' a point vu l'année française sortir de Moscou, ne peut avoir qu'une bien faible idée de ce qu'étaient les années grecque et romaine lorsqu'elles abandonnèrent les ruines de Troie ou de Carthage.
Mais tous ceux qui dans ce moment observèrent la nôtre virent la répétition des mêmes scènes avec lesquelles Virgile et Tite-Live ne cessent de nous émouvoir. Ces longues files de voitures qui, sur trois ou quatre rangs, s'étendaient à plusieurs lieues, chargées de l'immense butin que les soldats avaient arraché aux flammes, ces paysans moscovites, devenus nos domestiques, nous représentaient les esclaves que les anciens traînaient à leur suite. D'autres, emmenant avec eux des femmes, des enfants ou des filles, rappelaient ces guerriers à qui des captives étaient échues en partage. Enfin, plusieurs caissons remplis de trophées, où se trouvaient des drapeaux turcs et persans enlevés des voûtes du palais des tsars, et surtout la fameuse croix de saint Ivan, fermaient glorieusement la marches. »

L'illusion d'un affrontement possible avec Koutouzov fut entretenue par le fait que le maréchal Mortier était resté à Moscou avec la « jeune garde ». Il ne partit que trois jours plus tard. En réalité, dès le 20 octobre, toute ambiguïté avait disparu, puisque Napoléon n'attaquait pas. La description de la cavalerie et de l'artillerie françaises donnée alors par le général Ségur est saisissante : « Dans cette colonne de 140 000 hommes et d'environ 50 000 chevaux de toute espèce, 100 000 combattants marchant en tête avec leurs sacs, leurs armes, plus de 550 canons et 2 000 voitures d'artillerie, rappelaient encore cet appareil terrible de guerriers vainqueurs du monde, mais le reste, dans une proportion effrayante, ressemblait à une horde de Tartares après une heureuse invasion. C'était, sur trois ou quatre files d'une longueur infinie, un mélange, une confusion de calèches, de caissons, de riches voitures et de chariots de toute espèce. »

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La retraite de Russie