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L'arrivée du conscrit
à la caserne

Les conscrits
dans la Grande Armée

Les conscrits parlaient entre eux du futur uniforme qui leur sera attribué à leur arrivée à la caserne. En effet, combien de fois étaient-ils restés admiratifs en voyant passer l'armée dans leur village. Le rêve était de courte durée, laissant place à la consternation dès les premiers pas dans la cour de la caserne.

L'arrivée au Corps des conscrits

arrivée du conscrit à la caserne
A leur arrivée au corps, les conscrits commençait par faire connaissance avec leurs futurs camarades de chambrée et payaient une tournée de bienvenue. Une fois cette formalité accomplie, ils allaient immédiatement toucher le fourniment et l'armement.
Le magasin du corps distribuait tout ce qui était disponible, y compris les uniformes trop grands, trop petits, voire réformés ; quant au chapeau ou au skako, ils n'avaient souvent de coiffure que le nom ! Lorsque la solde était payée, certains soldats n'hésitaient pas à mettre de leur poche pour améliorer le confort et l'aspect de leur tenue : ils la faisaient ajuster à leurs mesures, faisaient changer les revers et les parements ou faisaient remplacer le collet par un autre, en drap plus fin... qui ne grattait pas le cou!
Les boutons de l'uniforme devaient étre astiquée à l'aide d'une brosse et de tripoli (poudre abrasive naturelle très fine) ; l'étoffe de l'habit était protégée par une patience en bois. Les chaussures, fabriquées sur une forme unique, ne comportaient ni pied droit ni pied gauche ; les soldats leur accordaient le plus grand soin et les graissaient à l'aide de suint (matière sébacée sécrétée par la peau des moutons).

La chambrée à la caserne

Les conscrits vont maintenant faire connaissance avec les locaux qui les abriteront durant leur séjour à la caserne. C'était habituellement une chambre assez glauque, aux murs ayant connu, il y a bien longtemps, un vague blanchiment à la chaux. Là étaient disposés des lits en sapin. Employer le terme de lit est peut-être un peu exagéré, l'ensemble se résumant à quatre pieds supportant un cadre garni de piètres planches sur lesquelles on installait un sac de grosse toile rempli de paille et cousu en guise de matelas. Le soldat complétait l'ensemble d'un drap et d'une couverture.
Il est bon de préciser que ce lit était destiné à l'usage de deux personnes, chaque jeune recrue partageant sa couche avec un ancien. Inutile de décrire l'ambiance des premières nuits : l'espace du "bleu" étant réduit à sa plus faible expression et le vétéran ronflant plus fort que l'artillerie à Wagram. Le réveil au tambour venait clore, enfin, cette première nuit idyllique.
Le mobilier de la chambre était des plus succincts : outre les grabats servant de lit, on y trouvait quelques tabourets de bois et surtout des planches fixées aux murs destinées à recevoir les effets des occupants. Ces étagères étaient disposées au-dessus de chaque lit, chacun y rangeant réglementairement ses effets militaires. Divers crochets alignés et fixés eux aussi aux murs supportaient les baudriers porte-sabre et porte-giberne, quelquefois les shakos. Différentes autres planches disposées de chaque côté de la cheminée étaient destinées au rangement des denrées alimentaires.
Par tradition, les anciens décidaient de tout et imposaient les corvées aux nouveaux arrivants. Ces derniers devenaient ainsi de véritables domestiques, responsables chacun leur tour de la soupe, du nettoyage des gamelles, de la bonne tenue du lit, du rangement de la planche à fourniment, du balayage et du dépoussiérage général.

Les repas du conscrit à la caserne

repas du conscrit à la caserne sous napoleon
Le seul point chaleureux (au sens strict autant qu'au sens étymologique) de cette pièce était la cheminée. C'est là que l'on discutait autour du feu ; c'est là surtout que l'on préparait la soupe. Et la soupe était à l'époque quelque chose d'important ! Surtout à la caserne, où l'on était sûr de ne pas être obligé de renverser précipitamment la marmite pour marcher au canon. Mais il fallait la préparer selon les règles de l'art : en fait, il fallait la cuisiner réglementairement. Le manuel de 1791 décrivait précisément la recette en la décomposant en deux rubriques : la soupe et la cuisson des légumes.
En règle générale, lorsque la soupe était préparée selon ces canons, les soldats se tenaient en cercle autour de la marmite, puisant chacun à son tour une cuillerée du délicieux bouillon (On réservait traditionnellement la part des hommes de garde jusqu'à leur retour). La qualité de la soupe variait en fonction de sa composition, plus ou moins riche selon la saison, et du bon vouloir de l'homme de corvée.
Le premier travail du matin était, bien sûr, l'allumage du feu sur lequel on installait la marmite contenant l'eau de la soupe, qu'il fallait écumer régulièrement. La viande était achetée la veille ; les légumes étaient souvent du jour. L'assaisonnement était composé d'un peu de sel, remplacé quelquefois en campagne par la poudre à canon.
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Souvenirs d'un furur général

Il n'y avait pas que les jeunes conscrits de condition modeste qui subissaient le régime décrit dans les textes. En effet, le futur général comte de Saint-Chamans écrit, dans ses mémoires : «Je fus inscrit comme dragon sur les registres du 9' régiment le 1" octobre 1801, et je fus aussitôt conduit à la chambrée où, pour me traiter avec distinction, on me donna pour camarade de lit un vieux brigadier nommé Trancha dit Tranchant, malicieux et vicieux comme un vieux soldat, et très disposé à rendre la vie dure aux débutants; cependant, à force de tabac et d'eau-de-vie, je me le rendis aussi favorable qu'il m'avait été contraire dans les commencements, et il ne me tourmenta plus ».