La mort de Staline ...
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la mort de Staline
Le samedi 28 février 1953 au soir, Beria, Malenkov, Boulganine et Khrouchtchev se rendent chez Staline, dans la villa de Kountsevo. Après un long repas, vers quatre heures du matin, le 1er mars, les invités quittent leur hôte qui monte se coucher. Mais, contrairement à son habitude, le chef ne donne aucun signe de vie alors que midi a déjà sonné. Les heures s'écoulent et l'anxiété des gardes croît. Enfin, à six heures et demie du soir, la lumière s'allume dans le bureau et la salle à manger. Staline reste silencieux. Or, sans y être expressément invité, nul ne peut pénétrer dans son appartement où, par précaution, tous les rideaux sont coupés à la hauteur du genou. A onze heures du soir, l'intendant adjoint trouve un prétexte pour entrer : le courrier vient d’arriver du Kremlin. Il découvre alors Staline allongé sur son bras plié, conscient mais incapable de parler, et frigorifié. On prévient Malenkov, puis Beria qui appelle à minuit et demi en ordonnant : « Ne parlez de la maladie de Staline à personne et ne téléphonez à personne ! »
la mort de Staline
Quatre mois plus tôt, Staline avait fait arrêter les médecins chargés de le soigner pour monter la sinistre provocation des prétendus assassins en blouse blanche. Il avait même éloigné son secrétaire personnel, Poskrebychev, qui, aide-soignant de métier, s’occupait quotidiennement de lui auparavant. Il était seul. A trois heures du matin, le 2 mars, Beria et Malenkov arrivent en voiture et sans médecin. Beria trouve que Staline a l’air paisible. « Le camarade Staline est plongé dans un profond sommeil (…) Fiche-lui la paix », dit-il à l’intendant.
A sept heures et demie du matin, Khrouchtchev vient annoncer à la villa l’arrivée prochaine de médecins. Ceux-ci se présentent vers neuf heures et, les mains tremblantes, auscultent le patient qui est resté quatorze heures sans soins. Ils font une injection de camphre, appliquent des sangsues et pratiquent la respiration artificielle, sous les menaces de Beria qui ne cesse de les interpeller. Un spécialiste en réanimation, convoqué, ne reçoit pas la moindre directive. Rien d’étonnant si, dans la confusion régnante, personne n’a remarqué, semble-t-il, l’heure exacte de la mort de Staline — sans doute le 4 mars au soir. Il fallut aux héritiers politiques le temps de se concerter avant d’annoncer la triste nouvelle. Le 5 mars au soir, l’embaumeur officiel fut invité à se rendre dans un laboratoire près du Mausolée où le corps de Staline avait été transporté. Il venait à peine de succéder à l’embaumeur de Lénine, Sbardski, que Staline avait fait arrêter en 1952… pour espionnage.
Étrange faiblesse pour un homme que l’on décrit si rusé : liquider ses médecins à soixante-treize ans quand on souffre d’artériosclérose et d’hypertension ! Staline est mort de son excès de méfiance. C’était son dernier meurtre, le seul qui ait jamais été involontaire, le seul où l’assassin et la victime se sont enfin retrouvés.
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