Un grand et effrayant spectacle
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procès Petiot

Le procès Petiot qui s'ouvre cet après-midi 18 mars 1946, au palais de justice de Paris, est le plus grand spectacle depuis le procès du maréchal Pétain. Songez que les billets d'entrée se vendent même au marché noir !... On se bat, on se bouscule, la salle est pleine, frémissante. Enfin il entre : le monstre, le docteur Satan, comme on l'appelle déjà. Une entrée de grand comédien : au seuil du box des accusés, il lève ses mains, ses mains prisonnières de celles des deux gardes qui l'encadrent. Le docteur Petiot veut être libéré. Et il va l'être. On lui retire les menottes ! Alors, arborant un sourire triomphal, il consent à descendre vers son banc, ôte son manteau à gros carreaux, le plie soigneusement et fait face aux photographes ; le spectacle peut commencer... Et quel spectacle !

procès du docteur Petiot

Cet assassin hors du commun sera aussi un accusé hors du commun. Il n'hésitera jamais à intervenir, à railler, à insulter. Pour un peu, on oublierait l'horreur de ses crimes, on oublierait cet amoncellement de valises, qui va du sol au plafond juste derrière son dos. Ce sont les valises de tous ceux qui sont partis pour un voyage sans retour après l'avoir vu, lui, le docteur Satan !

Sous le front immense et les sourcils charbonneux, il fascine. C'est bien le mot. Il fascine comme l'oeil du serpent fascine sa proie. Le greffier a terminé son effroyable appel : vingt-sept victimes, dont quinze juifs et juives, quatre souteneurs, quatre prostituées, trois clients de Petiot et un cadavre non identifié. Ce massacre, cet holocauste, a été découvert par hasard, deux ans plus tôt. Un jour de mars 1944, dans un élégant hôtel particulier du XVIe arrondissement de Paris, rue Le Sueur, un voisin signale un feu de cheminée, un étrange feu de cheminée qui dégage une odeur insoutenable.
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Marcel Petiot