Les voisins du n° 22 de la rue Le Sueur riaient moins. Depuis un moment la cheminée du docteur Petiot exhalait une fumée nauséabonde qui rendait le quartier crépusculaire. Les pompiers constatèrent un banal feu de cheminée... La banalité ne dura pas; à la cave, la découverte du calorifère les remplit d'horreur: des morceaux de cadavres sortaient du foyer... Petiot prévenu de l'incendie venait d'arriver, en même temps que la police. Il se présenta comme un parent du docteur et chuchota, l'air entendu à l'oreille des policiers tétanisés : «Résistance, chut ! Ce sont des Boches », et s'en alla comme par une porte dérobée. La bousculade héroïque, le débarquement, la marche sur Paris, l'insurrection, la libération, le Te deum à Notre-Dame, n'empêchèrent pas les policiers de rechercher malgré tout le docteur Petiot, cependant introuvable, et pour cause: comment l'auraient-ils retrouvé sous la barbe hirsute et héroïque du capitaine Valéri affecté, caserne Valmy, à l'épuration... Mais le 31 août 1944, il était arrêté. Son procès fut l'événement de la Libération.