Il ne supporte personne
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Louis Jouvet dans hôtel du nord

Au mois de mars 1951, alors qu'il a déjà eu plusieurs alertes cardiaques — notamment sur le tournage du Knock de Guy Lefranc en juillet 1950 — il part un peu à contrecoeur aux Etats-Unis pour une tournée de deux mois. Le 3 avril, à New York où on l'accueille comme un chef d'Etat, il donne pour la dernière fois L'Ecole des femmes. Le lendemain, Jouvet est pris d'un sérieux malaise. Le médecin ne lui cache pas la vérité : « Monsieur Jouvet, vous êtes à bout de force, il faut vous reposer ! » Pas question. En dépit des injonctions de sa compagne, Monique Mélinand, il ne veut pas entendre parler de vacances — comme s'il avait un quelconque pressentiment. Il se plonge assidûment dans les oeuvres de la philosophe Simone Weil et subit des crises de mysticisme de plus en plus fréquentes. C'est d'ailleurs pour cela qu'il décide de monter La Puissance et la Gloire de Graham Green, où il est question d'un prêtre impur dont la faute est matérialisée sous la forme d'un enfant. Jouvet ressent le besoin impérieux de tenir ce rôle car il est persuadé que ça lui «servira de purge» pour se laver de ses propres péchés. La pièce est difficile à monter et ne cesse de hanter ses jours et ses nuits.

Fin juillet, il se place sous les ordres de Guy Lefranc pour tourner Une histoire d'amour, sur un scénario de Michel udiard. Ce film lui pèse d'autant plus que l'atmosphère parisienne est de plus en plus lourde. Il fait chaud. Trop chaud. Chaque jour qui passe voit son humeur s'assombrir. Il ne supporte personne. Jouvet s'enferme le plus souvent dans la solitude de son bureau ou dans celle de son appartement où il ne parvient que rarement à trouver le sommeil. Jouvet est un homme usé, fatigué qui trouve quand même le temps de soutenir Jean Vilar dans sa difficile tâche de création du Théâtre national populaire. Le 14 août, il travaille à une nouvelle mise en scène de L'Avare... Mais le temps court trop vite pour cet homme qui ne connut jamais de repos

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Louis Jouvet