L'école de la République en 1900 ...
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ecole en 1900

Laissés pour compte dans une école privée
En Auvergne, à Saint-Bonnet Château, vers 1920. À l'école des frères on veillait à ne pas mélanger les torchons reprisés et les palles de messe. Si les enfants dont les parents payaient les cours coulaient des jours heureux, il n’en était pas de même pour les galopins qui ne possédaient que leur bonne volonté. Ceux-là, ces gosses de pauvres, formaient une classe à part; ils jouaient dans une cour séparée, d'où ils regardaient les autres taper dans le ballon. On ne leur accordait qu’un semblant d'attention. Ils apprenaient ce qu'ils voulaient quand ils voulaient, de la façon qu'ils voulaient. Ou ils  n'apprenaient rien, s'ils voulaient. Cela ne chagrinait nullement le directeur de l'établissement. Aucune discipline ne  réglementait cette classe de laissés-pour-compte, du moins  tant que le chahut ne venait pas troubler la sérénité des divisions plus intéressantes. Bien souvent, les matinées étaient occupées à des besognes qui n'avaient qu'un lointain rapport avec la pédagogie. Entre autres exercices pratiques, les écoliers de basse condition assuraient, avant midi, la distribution des journaux à domicile !

ecoliers en 1900

En rang !!!
Les enfants fréquentaient l’école à partir de leurs cinq ans. [...] Garçons et filles se présentaient en tablier noir; ils portaient une musette de toile en guise de cartable. Au  grand jamais un galopin n'acceptait d’enfiler une blouse de couleur, qui l'aurait fait ressembler à une « fumelle ». Les élèves portaient une blouse noire plus ou moins défraîchie, plus ou moins reprisée aux coudes, selon la condition  des parents, le maître, lui, en avait une grise,toujours impeccable. D'une rentrée sur l'autre,l'instituteur reconnaissait le chandail d'un frère sur le dos d'un puîné, le passe-montagne qui venait d'un cousin, les souliers qu’un voisin avait éculés quelques années auparavant. Longtemps après la Libération, jusque vers 1950, il vit des enfants traîner des "galoches", des chaussures de cuir à bride et à semelle en bois, qui restaient d'avant la guerre. Les mères ne jetaient les effets que lorsqu'ils étaient usés au-delà de tout raccommodage envisageable. Les notions de mode vestimentaire, alors, n'effleuraient l'esprit de personne.
Les sacoches furent d'abord des musettes de toile cousues par les grands-mères, puis apparurent les cartables en carton bouilli et, enfin, les serviettes en cuir. Parallèlement, les plumiers simples disparurent devant ceux dont les compartiments étaient articulés, et qui furent éliminést par les trousses à rabats. Déjà, on devinait que le stylo-bille ne tarderait plus à supplanter le bon vieux porte‑plume !
Avant de pénétrer en classe, le maître d'école passait en revue les rangs alignés sous la clochette. Les pouilleux étaient aussitôt renvoyés chez eux. Une invasion de poux (ou certaines épidémies) nécessitait immanquablement la fermeture de l'école. Les mères démêlaient les tignasses au peigne fin, les saupoudraient à la "marie-rase" ou les tondaient purement  et  simplement. Les totos pullulaient au point qu'un crâne rusé n'avait rien de discriminatoire parmi les enfants. Un écolier impeccable se voyait accorder un "point d'exactitude"qui s'ajoutait à ses autres "bons points". Il amassait jalousement son trésor dans une petite boîte d’allumettes et l’échangeait contre des images, suprême récompense des élèves exemplaires.

maitresse d'ecole
Témoignage
L'école était éloignée d'un bon kilomètre de chez mes parents; je devais m'y rendre à pied, grimper la colline tous les matins, par tous les temps. Je ne suis allée en classe qu'à partir de l'âge de 7 ans. Maman m'accompagna pendant la première semaine, le temps que je repère le sentier, puis je partis toute seule avec, en guise de cartable, un petit sac cousu par maman. J'y mettais une ardoise, un plumier et, bien sûr, un alphabet. Je devais prendre aussi mon déjeuner dans un "marmitou" (une gamelle). Nous ma­chions en groupe, mes cousins et les voisins. J'imagine qu'il devait tarder à maman de me voir revenir le soir. L'école n'avait pas de cour, nous jouions sur la route. La classe était dans le logement du maître. Un hangar servait de préau. Nous étions une trentaine d'élèves. À 12 ans, les grands allaient à Lavernhe ou à Naucelle préparer le certificat d'études. Ils se déplaçaient à pied ou à vélo, certains étaient en pension. Nous avions un poêle que les grands devaient allumer à tour de rôle. Nous nous groupions autour quand nous arrivions trempés. Les toilettes, rudimentaires, se tenaient en bordure de la route; l'écoulement se faisait dans les prés. Ce n'était pas le luxe, mais nous n'avions pas mieux à la maison. [...]
J 'ai passé mon certificat à Pampelonne. J'avais presque 14 ans. De la classe, nous étions deux à nous présenter. Nous partîmes en vélo, accompagnées par notre instituteur. La salle d'examen avait été aménagée dans un garage. Le sujet de la rédaction était: "Une hirondelle entre dans la classe par la fenêtre ouverte, racontez." Ma camarade et moi décrochâmes notre certificat, à la satisfaction de notre instituteur, et nous reprîmes le chemin du retour. Mes brillantes études s'arrêtèrent là: je dus me mettre au travail dare-dare. La scolarité avait été prolongée jusqu'à 14 ans, sinon mon père m'aurait retirée de l'école avant. Ilnous fallait garder les vaches, les moutons, les porcs. Tout en surveillant les   bêtes,nous apprenions nos leçons et faisions nos devoirs, assis par terre, le cahier  sur les genoux.
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