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La Marche de Selma
à Montgomery

La marche de Selma
Janvier-Mars 1965

Les manifestants subirent les quolibets le jour, et le froid la nuit. Leur marche entraîna l'adoption du droit de vote pour tous.
Martin Luther King déclarait : « Nous avançons et aucune vague de racisme ne pourra nous arrêter. »
Ces paroles galvanisent encore les combats pour l'égalité.

Sinistre ballet de matraques

sinistre ballet de matraques à Selma le 7 mars 1965
Dimanche 7 mars, menés par John Lewis et Hosea Williams, du SCLC, des centaines de manifestants se mettent en route pour une marche de 87 km. Au pont Edmund Pettus les attend un comité d'accueil constitué des forces de l'ordre envoyées par le gouverneur George Wallace, flanquées de Jim Clark et de ses hommes.
Un ordre de dispersion est lancé, mais les manifestants refusent de s'y soumettre. Les policiers commencent alors à avancer et les sbires de Clark, dont certains sont à cheval, chargent la foule. Le déluge de gaz lacrymogène, de coups de fouet et de matraque laisse plusieurs manifestants sur le carreau, tandis que les autres fuient pour sauver leur peau. Ironie du sort, une manifestation non violente vient de dégénérer en dimanche rouge — Bloody Sunday, comme on l'appelera plus tard aux États-Unis.
Grâce à la télévision, les images de ce sinistre ballet de matraques font irruption dans tous les foyers du pays et bouleversent les Américains. George Wallace lui-même reproche leur conduite à ses hommes. Des centaines de citoyens originaires d'autres États, dont 450 hommes d'église, religieuses et rabbins (tous Blancs), convergent vers Selma pour apporter leur soutien à la campagne des droits civiques.
Une nouvelle marche est alors envisagée. En dépit de l'injonction du juge fédéral interdisant toute manifestation, 2 000 personnes, Martin Luther King en tête, se présentent sur le pont Pettus, le mardi 9 mars. Un nouveau barrage les attend. Sur l'ordre du pasteur King, les manifestants rebroussent chemin sans subir de violence.
Une manifestante...
"J'ai mis mon courage à l'épreuve en ce dimanche rouge, Dieu semblait alors sonder nos âmes"

Troisième et dernier acte

martin luther king à Selma
La semaine suivante, lors d'une allocution télévisée, Lyndon Johnson, président des États-Unis, appelle au vote d'une loi levant les restrictions qui privent les Noirs de leurs droits civiques. « Leur cause doit devenir la nôtre. Parce que ce ne sont pas juste les Noirs, mais nous tous qui devons nous affranchir de l'héritage écrasant de l'intolérance et de l'injustice », déclare-t-il, n'hésitant pas à conclure lui, un Blanc du Sud par la devise du mouvement protestataire : « Et nous triompherons ! »
Tout est prêt pour le troisième et dernier acte. Cinq jours durant, du 21 au 25 mars, un flot irrégulier de manifestants va se déverser le long de la route qui va de Selma à Montgomery. Martin Luther King ouvre un cortège de plus de 3 000 personnes parties de Brown Chapel, l'église méthodiste de Selma. Aux côtés du leader noir, Ralph Bunche, prix Nobel de la paix, ainsi que le rabbin et théologien Abraham Heschel, et d'autres personnalités.
À l'arrivée, une foule de plus de 25 000 personnes, rassemblées au pied du Capitole, à Washington, accueille les paroles du pasteur King. Une chaîne de télé nationale les relaie en direct.

La marche de Selma, un moment clef du mouvement

marche sur washington
Ce jour-là, Rosa Parks monte également à la tribune. Tout a commencé avec elle, en 1955 : son refus de laisser son siège à un Blanc dans un bus de Montgomery a été le détonateur qui a contribué à la création du mouvement moderne des droits civiques.
« La marche a constitué un moment clé de ce mouvement », affirme John Lewis. Dès le mois d'août suivant, le Congrès adopte le Voting Rights Act, qui garantit à tout Américain de plus de 21 ans le droit de s'inscrire sur les listes électorales et de voter. Dans le seul État de l'Alabama, le nombre de Noirs inscrits passe de 92 700 en 1965 à 250 000 en 1967.
Sheyann Webb Christburg, qui, à l'âge de sept ans, participa sans ses parents aux trois marches de Selma, s'en souvient avec émotion : « Comme cadeau d'anniversaire, j'ai demandé à mon père et à ma mère de s'inscrire sur les listes. Je pensais que s'ils votaient, ils deviendraient des citoyens libres et c'est ce que je voulais qu'ils soient. »
Ce tournant historique a fini par obtenir une reconnaissance officielle. En 1996, le Service des parcs nationaux commémora l'événement en classant les 87 km qui séparent Selma de Montgomery douzième route historique des États-Unis ; c'était aussi la première dédiée à la communauté noire.
Les militantes du SCLC avaient érigé précédemment leur propre monument à mi-chemin de la route, en l'honneur d'une femme blanche de Detroit, Viola Liuzzo, que des membres du Ku Klux Klan avaient assassinée alors qu'elle reconduisait des participants chez eux.
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