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Les métiers oubliés...

Carreaux cassés, v'là le vitrier qui passe !

Comment vivaient
nos ancêtres

Verrier qui fabriquait les vitres, ou artisan qui les posaient. Ce dernier déambulait par les rues de la ville, son châssis de bois sur le dos, en criant: "Carreaux cassés! V'là le vitrier qui passe !"

Le vitrier ambulant

la vitrier ambulant
Le vitrier ambulant
« Encore un carreau d'cassé, V'là l'vitrier qui passe...
Y'a plus d'carreaux d'cassés : L'vitrier est passé !
»
Tel était, approximativement, le refrain d'une vieille chanson. On le chantait, en effet, ce vitrier, parce qu'on était toujours content, dans les campagnes surtout, de le voir poindre au bout du chemin. A pied et le chassis sur l'échine. Un chassis plus haut que celui des vendangeurs car de longues plaques de verre à vitres y étaient attachées par des cordes. Le fond de la hotte était occupé par le petit outillage nécessaire à la pose des carreaux : un couteau à démastiquer, une paire de pinces, un marteau spécial, un diamant dans son étui, une boîte de fines pointes, une palette à mastiquer et, enveloppée dans un morceau de toile, une boule de mastic frais.

Par icite, vitrier...

le vitrier vers les années 50
En parcourant la rue, il n'avait pas besoin de crier sa présence : on avait tellement besoin de lui que la nouvelle se propageait d'une maison à l'autre. Ici, c'était un coup de vent qui avait fait voler en éclats le vitrage d'une fenêtre ; là, c'était un geste malencontreux qui avait provoqué la casse ; ailleurs, c'était une pierre lancée par quelque mauvais « drôle » ; ou bien encore le résultat d'une violente dispute. Mais partout, pour ne pas vivre dans les courants d'air, pour ne pas grelotter dans les maisons, on avait provisoirement bouché le trou avec une plaque de tôle ou de carton, une vieille couverture ou, plus simplement, avec de la paille ou du foin. De toute façon, ce n'était pas très efficace et ce n'était pas beau.
- Par icite, vitrier, à la porte d'entrée.
- Par icite, à la f'nête dé noute chambe. - Par icite, à la lucarne du guergnier.
- Par icite...

De fenêtre en fenêtre, il continuait de par le bourg

Aurait-il assez de verre pour tout ça ? Il déposait précautionneusement le chassis, l'appuyait solidement contre un mur et jetait un premier coup d'oeil à l'ouverture à revitrer.
Bon, disait-il, je vais commencer par déblayer le terrain.
« Déblayer le terrain », dans son langage de vitrier, c'était enlever les débris de verre restant attachés à la boiserie de l'ouverture, faire sauter les morceaux de mastic dur encore en place, arracher les pointes qui avaient maintenu la vitre et gratter jusqu'à complet nettoiement le logement de celle-ci.
Il prenait ensuite des mesures, hauteur et largeur. Pour cela, il utilisait des brins d'osier bien droits qu'il rognait à bonne longueur. Technique simpliste, certes, mais qui lui évitait de se tromper dans les centimètres et millimètres... Sans doute n'avait-il jamais été fort en système métrique ! Les mesures reportées sur l'une de ses grandes plaques de verre installée bien à plat sur la table du client, il y plaquait sa règle dans l'alignement des repères, saisissait son diamant et d'un geste bien assuré mais rapide, traçait la ligne d'entame. Un craquement très sec et l'homme se redressait, tenant d'une main la nouvelle vitre et, de l'autre, le reste de la plaque. Avec une tranche absolument parfaite de part et d'autre, dans toute l'épaisseur du verre. « Mieux encore qu'un carton coupé au massicot », disait-il quand il voyait quelqu'un admirer ce résultat. Mais, déjà, il vérifiait si le carreau tel qu'il venait de le couper s'ajustait bien dans son cadre. C'était parfait, au demi-millimètre près. Il n'y avait plus qu'à l'y fixer à l'aide de fines pointes adroitement enfoncées dans le bois à petits coups de son marteau spécial, puis à étendre le mastic, d'abord avec le pouce, puis à larges touches de sa palette appliquées en biseautant, tant pour rendre étanche la jointure que pour fignoler le travail.
Voilà, concluait-il. Il y a, sur le verre, des traces de mes doigts. Attendez à demain pour les faire disparaître : il faut laisser durcir le mastic. Les taches auront séché aussi mais il sera facile de les enlever avec un linge imbibé d'alcool à brûler ou d'eau-de-vie.
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