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Les métiers oubliés...

La porteuse de pain

Comment vivaient
nos ancêtres

Si beaucoup d'« industries de la rue » sont indifféremment exercées par l'un ou l'autre sexe, certaines restent spécifiquement féminines.
La porteuse de pain appartient à cette catégorie. C'est parmi ces petits métiers celui qui est chargé de la plus haute valeur symbolique, parce que, à cette époque, le pain est encore la principale nourriture du peuple.

Journée de travail d'une porteuse de pain

Journée d'une porteuse de pain en 1900
Dès l'ouverture de la boulangerie, longtemps avant 6 heures du matin, cette courageuse mercenaire arrive, ponctuelle, prend dans sa voiturette une provision formidable de pains longs, ronds, en galettes, en miches, en couronnes, et la voilà partie de porte en porte avant le lever de ses clients. Elle sait par coeur le goût de chacun, celui-ci veut du pain boulot, celle-ci préfère le polka ; la petite dame du troisième ne tolère que le fendu ; le vieux monsieur de l'entresol réclame du riche ; tel autre, diabétique, des flûtes sans mie ; l'étranger du premier déjeune avec du viennois ; au savant du sixième, il faut du seigle, espérance libératrice de viscères paresseuses ; à tel autre, du pain complet selon la méthode Kneipp. Que ne connaît-elle pas encore ? Tels gens ne paient que tous les huit jours ; tels autres, dont la bonne est si rêche et qui font tant d'épate, sont en retard d'un mois et la petite note reste toujours insoldée. La porteuse dépose ses pains contre les portes des appartements, dans un bout de papier bulle ; tant pis si des chats ou des chiens de passage les flairent et lèvent la patte obliquement dessus. Elle monte quelquefois cinq étages pour une petite galette de 2 sous, mais elle n'en est plus à compter les étages ; elle en gravit quatre ou cinq cents dans sa matinée, toujours allègre et robuste ; elle ne s'interrompt que pour se rendre au fournil chercher une nouvelle charge ou pour aller siffler un verre de raide à la petite réunion des porteurs et des porteuses, chez un troquet du quartier. Vers midi et demi, la distribution terminée, la brave femme, d'ordinaire d'humeur joyeuse, fait ses comptes et rentre alors dans son petit logis, sous les toits.

Mme Thomas, la porteuse de pain

Xavier de Montépin y a consacré un roman qui, bien que s'attachant plutôt à dérouler les fils d'un sombre mélodrame qu'à décrire la fonction de son héroïne, vaut à la porteuse de pain une extrême popularité. Elle est, avec la balayeuse et la laitière, l'une des premières ouvrières que l'on aperçoit dans les rues matinales de Paris.
L'une de ces porteuses de pain, du nom de Mme Thomas, restera plus de vingt ans dans la même place. A la fin de sa vie, habitant toujours la même petite chambre, au sixième étage d'un vieil immeuble parisien, elle dira :
« Maintenant, je ne peux plus monter me reposer comme je voudrais et si vous connaissiez un rez-de-chaussée... »
Mme Thomas, racontera le journaliste Albert Fournier, est morte seule, un soir, dans sa petite chambre, après avoir accompli son travail au cours d'une journée pareille aux autres. Et personne ne sut dans l'entourage de cette pauvre femme que tout Paris assistait ce jour-là à la représentation du film de Maurice Cloche, tiré du roman de Montépin, la Porteuse de pain.

Du pain pour tous

une porteuse de pain à Paris en 1900
En 1908, elle livre partout dans le Xe arrondissement de Paris, cette porteuse de pain envoyée par la boulangerie de la rue Lafayette. C'est bien pratique, surtout par ces journées pluvieuses et si humides que cela vous transperce les os. Des journées à ne pas mettre le nez dehors..
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