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Les métiers oubliés...

Aux terrasses des cafés

Comment vivaient
nos ancêtres

Dans un café de village, avant la Seconde Guerre Mondiale. Le canon de vin ordinaire était ce que l'habitué demandait le plus communément. Pour un verre de blanc, il en ingurgitait presque deux de rouge. Les apéritifs se limitaient au vermouth et au pastis de marques courantes. La lichette de marc constituait pratiquement l'ultime digestif. La bière, la limonade, les sodas n'affriolaient guère; Les alcools exotiques et les liqueurs bizarres pas davantage. On se doute que peu de paysans d'alors (pour ne pas dire aucun) avaient goûté au whisky ou au coca-cola!
On se contentait d'une cafetière émaillée qui bouillottait en permanence sur les ronds de la cuisinière à bois.

Un peu d'histoire...

histoire des cafés
Tout au début, on les appelait les buvetiers, on y consommait de l'eau-de-vie qui était recommandée par les médecins pour lutter contre les vers, la gale et la peste !
Les cafés et les brasseries appartiennent souvent à des Auvergnats ou des Aveyronnais, montés à Paris pour chercher du travail. Ils commençaient leur carrière comme porteurs d'eau ou livreurs de bain à domicile. En effet, les bourgeois au XVIIIe siècle n'avaient pas de baignoire et les livreurs montaient à l'étage une lourde baignoire-sabot en bois, puis des seaux d'eau chaude et attendaient patiemment sur le palier que le bain soit terminé pour redescendre la baignoire et les seaux ! Par la suite, ils se transformèrent en bougnats qui livraient bois et charbon. Ils possédaient un dépôt, qu'ils prolongeaient souvent d'un café.
Avec l'apparition du chauffage central, les bougnats et leurs dépôts disparurent mais les cafés restèrent et prospérèrent. Le café noir-croissant devant le zinc, les discussions politiques, les brèves de comptoir débitées devant le patron impassible qui essuie ses verres en hochant la tête et ne prend jamais parti pour ne pas contrarier sa fidèle clientèle, c'est cela l'ambiance des bistrots. A la campagne, ce sont les interminables parties de belote, les dominos...

Les cafés étaient nombreux à Tours

les cafes à Tours vers 1900
Au début du siècle, les cafés étaient nombreux à Tours. Les plus importants, ceux dont les tenanciers étaient appelés cafetiers-limonadiers, et où il y avait au moins un garçon pour servir, atteignaient déjà le nombre de soixante-dix. Si l'on y ajoute les trois cent vingt plus modestes qui n'avaient droit qu'au titre de débitants de boissons, on arrive à un total impressionnant.
Près de quatre cents bistrots pour quatre-vingt mille habitants : c'était plus de trois fois la proportion d'aujourd'hui !
Le plus coté de tous, en toute saison, était assurément le Café de la Ville, au 46 de la rue Nationale. Le plus coté parce que le plus sélect. Celui qui possédait la salle la plus luxueuse. Avec lambris de marbre et de chêne, tableaux et tapisseries de valeur, lustres et lampadaires au gaz de ville, glaces et plantes vertes à profusion, et surtout un orchestre permanent dont le chef et les huit exécutants étaient de beaux messieurs et de belles dames en tenue de soirée.
Trois garçons s'affairaient entre le comptoir où trônait une opulente mais jeune caissière et les tables où clients et clientes s'entretenaient des potins du jour ou faisaient leurs quotidiennes parties de bridge ou d'échecs.
Mais, l'été, les plus fréquentés étaient, comme aujourd'hui, ceux de la place du Palais, avec leurs tables et leurs chaises pliantes installées en façade, sur le trottoir et sur l'avenue. Leurs parasols de grosse toile aux vives couleurs se voyaient de loin, grands ouverts ou prêts à s'ouvrir. Un autre ustensile attirait les regards : c'était une grosse boule métallique creuse, toujours bien astiquée, montée sur une sorte de trépied haut d'un mètre et contenant la serpillière ou le gros torchon d'essuyage des tables. A peine des clients avaient-il pris place autour de l'une d'elles qu'un garçon apparaissait.

Le garçon de café

les garçons de café
Il avait de l'allure, ce garçon. Le patron du café l'avait choisi non seulement de belle prestance mais aussi svelte et agile, capable de bouger rapidement et avec empressement. Toute négligence bannie de sa mise. Pas de coiffure, mais des cheveux peignés et gominés comme il seyait à l'époque. Une chemise blanche, à col amidonné et noeud noir. D'ailleurs, rien que du blanc et du noir dans ce qu'on aurait pu appeler l'uniforme des garçons de café du début du siècle : gilet à trois boutons, descendant très bas pour laisser voir le plastron ; veste très courte et à manches longues ; pantalon de même tissu, protégé par un long tablier blanc tombant jusque sur les chaussures. Sur le bras gauche, une serviette à demi-pliée, impeccable de blancheur et légèrement empesée.
Il arrivait, saluait, prenait commande. Deux minutes après, il revenait, portant un large plateau rond sur sa main gauche étalée horizontalement. Sur ce plateau, bouteille et verre en parfait équilibre. De sa main droite, il faisait le service avec une remarquable dextérité. Puis, il disparaissait pour ne reparaître que lorsque le client, d'un geste, l'appelait pour payer. Lorsqu'il avait à rendre la monnaie, il s'arrangeait pour éviter la moindre grosse pièce : c'est que l'on était encore au temps où le service n'était pas compris dans le prix demandé !
Voyait-il un consommateur rouler une cigarette ? Il s'approchait, prêt à battre avec efficacité son briquet à amadou dont il savait présenter la mèche rougeoyante au moment opportun et avec le sourire de circonstance. Dans les moments d'affluence, il allait et venait d'une table à l'autre, servant ou desservant avec la même aisance, le même équilibre sur le plateau et le même empressement.
L'hiver, à l'intérieur du café, en plus du service habituel, il devait veiller à la bonne marche du poêle à charbon. Mais, pour ne pas salir son beau tablier blanc, il appelait le sommelier. Celui-ci apparaissait aussitôt, soulevant la trappe de la cave ; il portait un tablier de toile grise, plus enveloppant que celui du garçon, mais qui détonait fort dans l'élégance du lieu. Aussi s'empressait-il de disparaître dès que sa présence n'était plus nécessaire.
Et que commandait-on, en ce début de siècle, dans ces beaux cafés ?
Garçon ! une flûte de Montagne-deReims. Et une fine champagne.
Mais, au bistrot du coin, selon l'âge et le sexe du consommateur, on se portait plutôt sur la chopine de rouge, la canette de bière ou le panaché. Toutefois, dans les grandes occasions, on n'hésitait pas à demander :
Une fillette de vouvray ! Du 93, si vous en avez encore...
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