Les premiers congés payés s'entassent dans les trains du plaisir
Les premiers « congés payés » se ruent dans les gares pour s'entasser sur les rudes banquettes des « trains de plaisir ».
En plus de la création de billets collectifs, de trains spéciaux à 60 % de réduction (un aller Paris-Nice coûte normalement 218 francs), Léo Lagrange a annoncé celle d'un autre sésame de l'évasion : « le billet populaire de congé annuel », valable 31 jours sur une distance minimum de 200 kilomètres. 600 000 de ces « billets Lagrange », mis en vente le 3 août, trouvent immédiatement acquéreur.
Escomptée la réussite de l'entreprise n'était pas garantie au moment des négociations avec les compagnies ferroviaires : Lagrange dut même les menacer de nationalisation pour obtenir gain de cause ; les « cols blancs » trouvaient la méthode « anti-ferroviaire » ! En réalité les compagnies vont, pour la première fois depuis 1928, se retrouver bénéficaires.
D'abord ne pas s'énerver !
Extrait d'une émission de conseils à la radio avant le départ, en juin 1938, après deux ans d'expérience : "D'abord ne pas s'énerver, combien de gens qui s'affolent au moment des départs ! Les femmes trépignent ou se lamentent au milieu des colis à faire, devant des valises trop petites, des sacs qui ferment mal, des cartons tellement bourrés qu'ils sont défoncés avant qu'on ait atteint la gare ! Le remède, c'est de ne pas s'encombrer de colis, c'est de concevoir une réduction au minimum du vêtement, surtout si les déplacements doivent être nombreux. Notre règle sera donc : du calme, avant tout du calme. Entraînez-vous à répéter la formule joyeusement à l'avance et vous serez sauvés."
Les vélos étaient inséparables de nos étés d'avant-guerre.
"On les voyait dans les gares, groupés au bout des quais, pendus comme des quartiers de viande à la potence des chariots spécialisés, leurs guidons dévissés d'un quart de tour afin de réduire leur encombrement.
Nous ne savions pas qu'ils allaient devenir nos plus fidèles compagnons des cinq années à venir et que nous surveillerions leur fatigue, leur usure, l'épuisement de leurs pneus avec une vigilance pleine d'angoisse."