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Vivre sous la dictature

Procès et mort
des époux Ceausescu

Les dictateurs
du XXe siècle

À la fin de l'année 1989, la Roumanie socialiste s'embrase. Le 22 décembre, après plus de vingt-cinq ans de règne, le dirigeant du parti communiste et de l'État, Nicolae Ceaucescu, est renversé.
Il disparaît très vite pour réapparaître quelques jours plus tard aux mains des nouveaux maîtres du pays en compagnie de sa femme Elena, qui faisait figure de numéro deux dans le régime renversé.

Un procès télévisé

Le procès des anciens dictateurs est retransmis par la télévision : à part quelques témoignages émanant de hauts fonctionnaires du gouvernement actuel de la Roumanie, et donc sujets à caution, ces images, tournées dans une intention de propagande et soigneusement sélectionnées, sont la seule source d'information sur le déroulement de la procédure.

Les Ceaucescu... Jugés par ceux qu'ils avaient nommés

Le procès des époux ceaucescu
Les époux Ceaucescu sont jugés le jour de Noël 1989. Un blindé de l'armée roumaine les a acheminés vers un prétoire improvisé, situé peut-être dans la région de Bucarest. Dans une pièce étroite et incommode, les époux, qui conservent leurs manteaux, se serrent l'un contre l'autre, isolés de leurs juges par des tables. Ces juges, quant à eux, restent soigneusement anonymes. Les images ne permettent pas de les voir, et aucun nom n'est prononcé. Apparaît parfois la silhouette du procureur, arborant le brassard de la révolution. Plusieurs avocats, également anonymes, participent au procès. On ne peut que conjecturer que le tribunal, probablement, est militaire : l'armée, depuis le renversement du dictateur, tient en partie les rênes du pouvoir.

Extrait du dialogue des Ceaucescu avec leurs juges

Voici un extrait du dialogue des Ceaucescu avec leurs juges, tel qu'il a été finalement retransmis par la télévision roumaine. Une première version du procès, très élaguée, ne comportait que quelques scènes précédant l'exécution. La seconde version se veut complète :
L'avocat : Je voudrais poser une question importante à l'inculpée. Elena Ceaucescu, est-ce que tu as des troubles mentaux ?
Elena Ceaucescu : Quoi ? Quelle provocation! Tu n'as pas honte ?
L'avocat : Je pose cette question pour une raison précise. Si elle avait été irresponsable elle aurait eu une chance.
Le juge : Est-ce que tu signes toi ?
E. Ceaucescu : je ne signe rien. Je suis entrée dans la lutte pour le bonheur du peuple dès l'âge de quatorze ans. J'aime ce peuple, c'est mon peuple.
Le Procureur : Nous considérons, sur la base des articles 162, 163, 165 et 357 du Code pénal, que les inculpés sont coupables. Je demande donc, en ce jour du 25 décembre, que la sentence soit appliquée : peine capitale et confiscation de tous les biens. ...
Le juge : Inculpé Nicolae Ceaucescu...
N. Ceaucescu : Je ne suis pas inculpé. Je suis président de la Roumanie et commandant suprême des forces armées. Je ne réponds que devant la Grande Assemblée nationale. Quant à toi, tu trahis ton peuple. Tu brades l'indépendance de la Roumanie.
Le juge : On ne peut pas discuter avec toi. »

UN procès rondement mené

La mort des époux Ceaucescu
Nicolae Ceaucescu, tel qu'il apparaît sur l'écran de télévision, n'a plus rien du chef d'État sûr de lui et puissant que les Roumains avaient l'habitude de voir. Il semble considérablement affaiblis. Cependant, il refuse systématiquement de répondre aux questions posées. Ce tribunal, affirme-t-il, n'est qu'une parodie : en tant que chef de l'État, il ne peut être jugé que par l'Assemblée nationale — de fait, les bases légales du tribunal sont inexistantes. Mais aucun juge n'accepte de recevoir sa requête. Le procureur énonce les griefs reprochés aux deux époux : en premier lieu, ils sont accusés de génocide et ensuite d'avoir réprimé par la force l'insurrection du peuple. On leur reproche aussi leurs malversations, leurs détournements de fonds et leur mauvaise gestion de l'économie du pays. L'interrogatoire qui s'ensuit est un dialogue de sourds.
Le juge a beau interroger Ceaucescu sur sa responsabilité dans la répression, dans l'appauvrissement de la population, le dictateur nie tout en bloc, pousse des exclamations indignées, dénonce le coup d'État. Les allusions au train de vie de la famille Ceaucescu, aux titres scientifiques dont Elena Ceaucescu s'est affublée provoquent la colère et la stupéfaction de ceux qui ont tenu le pays d'une main de fer durant des décennies. Ce spectacle pitoyable s'achève par une sentence attendue : les deux prévenus, déclarés coupables, doivent être exécutés. Probablement quelques minutes plus tard, des rafales d'armes automatiques mettent un terme à la carrière du couple de dictateurs.
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Sous la dictature roumaine
En soupçonnant mes propres parents, je suivais le mouvement [...]. Tout le monde vivait avec cette appréhension : Et s'il (elle) fait partie de la Securitate ?
C'était la pensée la plus banale qui soit et la plus affligeante... La confiance devenait une denrée aussi rare que ta nourriture. [...]
L'Etat nous formait contre notre volonté et mettait des armes dans les mains d'enfants de treize ans. Nous devions apprendre à servir notre pays, c'était un fait accepté de tous.
Par conséquent, l'école nous apprenait, au même titre que les autres matières, à tirer au pistolet et à la carabine."