L'enfance de Hitler fascine et intrigue
Son enfance fascine et intrigue. Depuis que les
historiens cherchent des explications à la folie
nazie, elle a été souvent pointée du doigt. Les
racines du crime, ont souligné historiens et psychanalystes,
se cachent forcément là où le Führer
en culottes courtes fomentait déjà son sinistre dessein.
Certains événements de ses jeunes années sont relus comme des clés,
d'où tout devait fatalement
découler. Cette obsession à chercher la genèse dans la
jeunesse, fut
presque encouragée par
Hitler lui-même, qui, dans
son autobiographie Mein
Kampf de 1924, démontre
qu'il est né pour diriger l'Allemagne. Ce livre est
une pure construction de
propagande, mals l'image
qu'il véhicule d'un Hitler
passionné de politique dès
l'enfance a laissé des
traces.
Or,
que sait-on vraiment de son
existence, de sa naissance
dans ce qui est encore l' Autriche-
Hongrie jusqu'à son
départ pour l'Allemagne en
1913 ? Les sources sont
éparses et douteuses. Hormis
les récits biaisés d'Hitler
lui-même, elles se linûtent à quelques témoignages livrés des décennies
après les faits et à de rares documents. Au
final, dominent les zones 'ombre, propices aux
fantasmes et aux Interprétations.
Hitler déteste ce père qui le bat
Né le
20 avril 1889 à Braunau-am-Inn, bourgade austro-hongroise, Adolf est issu d 'une généalogie complexe et
scabreuse. Son père, Aloïs, né illégitime et reconnu
tardivement comme le rejeton du meunier Johann
Georg Hitler, serait en réalité le fils de son "oncle" qui est aussi le grand-père de sa femme, Klara Pölzl,
la mère d'Hitler ... Le père d'Adolf aurait donc convolé
avec sa nièce: elle a 22 ans, lui 45. Au mieux ( et c'est
la version officielle), les parents du futur dictateur
sont cousins germains. Ces liens consanguins, sources
de tares mentales dans la famille du futur Fürher,
influenceront directement sa politique eugéniste : en
1940, il fera gazer sa propre cousine schizophrène,
Aloisia Veit, avec 18 500 autres handicapés mentaux.
A cette confusion des origines s'ajoute le fait que Klara
est aussi l'employée de maison d'Alois et d'une de ses
maîtresses (qui sera aussi sa seconde épouse), avant
de devenir sa troisième femme ... Aloïs, coureur de
jupons invétéré et douanier de profession, est donc
le maître en uniforme brun des frontières de son
pays comme de son foyer-un modèle à la fois admiré
et haï par Adolf: en 1938, Hitler transformera le village
natal de son père en champ de tir ... Choyé par sa mère dont les trois précédents bébés sont morts de la
diphtérie, "Adi", comme elle l'appelle, est un enfant
turbulent et querelleur. Son père le mate à coups de
canne, surtout quand il a abusé d'alcool. Klara le
console et Adolf vénère cette femme au teint clair et
aux yeux bleus.
Une certitude: Hitler n'a pas d'affection pour son
père. Sa mort brutale en 1903, d'une crise cardiaque,
le touche peu. Adolf Hitler a alors 14 ans
et vit une adolescence difficile. En 1900, il a intégré
le collège de Linz, à une heure à pied de chez lui Ses résultats ont chuté, il a redoublé
sa 6e et s'est renfermé socialement En 1923, suite
au putsch raté de Munich, un professeur se souviendra
de lui comme d'un garçon "doué, quoique
d'un caractère buté. Il avait du mal à se maîtriser ou
passait au moins pour récalcitrant, autoritaire".
Adolf Hitler fête ses 18 ans. Deux ans avant, Il a
quitté le collège sans diplôme. Il le justifie dans
Mein Kampf par une maladie pulmonaire et un
désintérêt pour l'école. Depuis. Il végète à Linz.
logé et financé (chichement) par sa mère, choyé
par sa soeur Paula et sa tante
Johanna. Il flâne, lit, va au écothéâtre,
prend des leçons
de piano. .. Sa seule perspective
est de devenir peintre.
Depuis l'adolescence, il se
passionne pour Je dessin et
la peinture, et veut en faire
son métier. Tant que son
père était là, c'était difficile,
le vieil Alors voulant que
son fils soit fonctionnaire.
Mais depuis sa mort, Hitler a le champ libre pour
devenir te grand artiste qu'il s'imagine être. Sauf
que, confronté à ta réalité, ce rêve se change en
cauchemar. A l'automne 1907, le jeune Adolf part
à Vienne, à 180 kilomètres de Linz, pour passer
l'examen d'entrée de la prestigieuse académie des
Beaux-Arts. Sür de son talent, il n'y voit qu'une formalité.
En réalité, peu enclin au travail il n'est pas
prêt. L'examen pratique lui est fatal: sa copie est
jugée "insuffisante", et il ne fait pas partie des 20%
d'admis, sur 113 candidats.
Juste après, il apprend que sa
mère, atteinte d'un cancer du sein, est condamnée.
Elle s'éteint à Linz peu avant Noêl 1907.
Contrairement à celui de son père, te décès de sa
mère le terrasse de douleur. Cette femme soumise
et dévouée le couva durant son enfance, et fut sans
doute la seule personne qu'il a aimée. Jusqu'au bout,
en 1945, il aura sur lui une photo d'elle.