L'abdication de Munich

Les accords de Munich

A Munich, M. Chamberlains et M. Daladier, se déclarèrent prêts à payer n'importe quel prix pour la paix. La conférence commença dans la soirée du 29 septembre et le 30, à 2 heures du matin, les quatre parties apposaient leurs signatures au bas d'un mémorandum : l'ultimatum de Godesberg était pratiquement accepté.
Si vous aimez ce site ne bloquez pas l'affichage des publicités... Merci !

La paix à n'importe quel prix

Accords de Munich en 1938
Le 29 septembre, à midi et demie, dans cette cité bavaroise vouée au style baroque où, dans les sombres arrière-salles de petits cafés minables, il avait fait ses humbles débuts d’homme politique, où il avait connu l’humiliation lors du putsch manqué de la Brasserie, Adolf Hitler accueillait en vainqueur les chefs de gouvernement de Grande-Bretagne, de France et d’Italie.
De très bonne heure le matin, il était allé à la rencontre de Mussolini jusqu’à Kufstein, sur l’ancienne frontière austro-allemande, afin d’établir avec lui les bases d’une action commune à la conférence. Dans le train qui remontait vers Munich, Hitler, qui était d’une humeur particulièrement belliqueuse, expliquait au Duce, avec cartes à l’appui, comment il comptait « liquider » la Tchécoslovaquie. Ou bien, lui ditil, les conversations qui allaient commencer réussiraient tout de suite, ou bien il aurait recours aux armes. Ciano, qui assistait à l’entretien, dit que le Führer ajouta : « D’ailleurs, le moment viendra où nous devrons combattre côte à côte contre la France et l’Angleterre. » Mussolini acquiesça.
Chamberlain, lui, ne se donna pas la même peine pour rencontrer Daladier et élaborer avec lui une stratégie commune aux deux démocraties occidentales avant d’affronter les deux dictateurs fascistes. En fait, à mesure que la journée s’avançait, la plupart des journalistes qui se trouvaient comme moi en contact avec les délégations britannique et française acquirent la certitude que Chamberlain était venu à Munich absolument décidé à ce que personne (certainement pas les Tchèques et pas même les Français) ne l’empêchât de parvenir rapidement à un accord avec Hitler. .
En ce qui concernait Daladier, qu’on vit circuler toute la journée comme frappé de stupeur, aucune précaution n’était nécessaire, mais le Premier Ministre, bien résolu à aboutir, ne voulait courir aucun
risque.
Les conversations qui débutèrent à douze heures quarante-cinq dans le bâtiment appelé Führerhaus, sur la Koenigsplatz, ne revêtirent pas un caractère dramatique et ne furent pour ainsi dire qu’une simple
formalité, permettant de livrer à Hitler exactement tout ce qu’il voudrait, quand il voudrait. Le docteur Schmidt, l’infatigable
interprète, à qui l’on demandait d’opérer en trois langues : allemand, français et anglais, remarqua que, dès le début, il régna « une atmosphère de bonne volonté générale ». L’ambassadeur Henderson se souvint plus tard « qu’à aucun moment la conversation ne prit un tour violent ». Personne ne présidait. Les débats se déroulèrent sans cérémonie et, à en juger par les minutes allemandes de la rencontre, les premiers Ministres britannique et français s’évertuèrent réellement à entrer dans les vues d’Hitler.

Les propositions italiennes

Les membres de la conférence se mirent vraiment au travail quand Mussolini, prenant la parole le troisième (Daladier parla en dernier), déclara « qu’afin de parvenir à une solution pratique du problème » il avait apporté une proposition écrite précise. L’origine de ce document est curieuse et demeura inconnue de Chamberlain jusqu’à sa mort. Il ressort des mémoires de François-Poncet et de Henderson que les deux ambassadeurs l’ignoraient également. En fait l’histoire fut rendue publique longtemps après la mort violente de Mussolini et d’Hitler.
Ce que le Duce faisait alors passer pour un projet de compromis émanant de lui avait, en fait, été rédigé la veille à la hâte aux Affaires étrangères de Berlin par Goering, Neurath et Weizsaecker, à l’insu de
Ribbentrop, car les trois autres ne se fiaient pas à son jugement.
Goering le porta à Hitler, qui l’approuva, puis il le fit rapidement traduire en français par le docteur Schmidt et le passa à l’ambassadeur italien, Attolico, qui téléphona le texte au dictateur italien, au moment où celui-ci se préparait à prendre le train pour Munich. C’est ainsi que les « propositions italiennes » qui fournirent à cette conférence quasi improvisée non seulement son ordre du jour, mais les conditions essentielles de ce qui devint par la suite l’accord de Munich, étaient en réalité des propositions allemandes élaborées à Berlin.
Cela devait pourtant sauter aux yeux, puisque le texte reproduisait presque exactement les exigences d’Hitler rejetées à Godesberg; mais cette évidence n’apparut pas à Daladier et à Chamberlain, ni aux ambassadeurs qui cette fois les assistaient. Selon les minutes allemandes, le président du Conseil français « accueillit avec faveur la proposition du Duce, rédigée dans un esprit objectif et réaliste ». Le Premier Ministre britannique « l’approuva aussi et déclara qu’il avait pour sa part envisagé une solution tout à fait semblable ».
Puisque les propositions « italiennes » étaient si chaleureusement accueillies par tous les assistants, il ne restait plus que quelques détails à mettre au point. Comme on aurait peut-être dû s’y attendre de la part
d’un ancien homme d’affaires, ex-chancelier de l’Échiquier, Chamberlain voulut savoir qui dédommagerait le gouvernement tchèque de la perte des propriétés publiques qui passeraient à l’Allemagne dans les Sudètes.
Hitler, qui, d’après François-Poncet, semblait pâle et tourmenté, et s’irritait d’autre part de ne pouvoir suivre, comme le faisait Mussolini, les propos échangés en français et en anglais répondit sur un ton de colère qu’aucun dédommagement n’était prévu. Quand le Premier Ministre s’éleva contre la clause stipulant que les Tchèques, en quittant le pays des Sudètes, ne pourraient même pas emmener leur bétail (cette condition figurait déjà dans les propositions de Godesberg) et s’écria : « Cela signifie-t-il que les fermiers seront expulsés mais que leur bétail sera confisqué ? » Hitler explosa : « Notre temps est trop précieux pour que nous le perdions à discuter de pareilles bagatelles », cria-t-il à Chamberlain. Le Premier Ministre
n’insista pas