Changement de tactique

La bataille des aérodromes

Cette phase est peut-être celle qui sera la plus décisive pour le Fighter Command. En consacrant tous ses efforts contre la RAF dans le Sud de l'Angleterre, à l'exclusion de tout autre objectif, la Luftwaffe pourrait atteindre son objectif principal.
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La colère de Goering

Goering tança ses pilotes fatigués. Les plus hardis, comme Galland, se défendirent. Ils étaient profondément choqués par ses reproches, et furent piqués au vif lorsque Goering osa traiter certains d'entre eux de «lâches». Mais cette dureté produisit son effet. Ses remontrances suscitèrent chez ses hommes une sorte de rage qui dissipa leur lassitude, et leur combativité se trouva encore renforcée lorsque le Maréchal du Reich leur exposa l'action qu'il fallait maintenant entreprendre contre l'ennemi.

Changement de tactique

L'opération commencerait dans trois jours exactement, le 24 août, et l'objectif serait, ni plus ni moins, l'élimination totale de la puissance aérienne anglaise. Le temps des simples combats au-dessus de la Manche était révolu. La phase n° 2 du plan grandiose de la Luftwaffe allait débuter. Des formations massives de bombardiers fortement escortés par des chasseurs détruiraient non seulement les installations au sol de la R.A.F. mais aussi ses dépôts de carburant, ses usines et ses ateliers de pièces de rechange. L'attaque sur ces objectifs aurait lieu sans désemparer, ce qui obligerait ces maudits chasseurs insaisissables à sortir de leur repaire. Cette mission fut résumée par le Maréchal du Reich par la directive suivante: «Il convient d'obliger l'ennemi à se servir de ses chasseurs, sans relâche».
Avant de rentrer en Allemagne, Goering se rendit au cap Gris-Nez, dans un poste d'observation avancé qui dominait la Manche. Il cotempla longuement, avec de puissantes jumelles, les falaises de Douvres. Il apercevait les tours de la station radar du port, mais il n'en fit pas mention. D'après un membre de son entourage, on eût dit «qu'il essayait de lire par-delà ces falaises blanches, dans la pensée de ses adversaires».

Les jours les plus sombres

Le 24 Les Allemands attaquèrent très durement North Weald et Hornchurch. Le 26 ils tentèrent de récidiver sur Biggin Hill, Kenley, North Weald et Hornchurch, n'y parvinrent pas, mais réussirent à atteindre Debden. Le 30 août ce furent deux raids sur Biggin Hill, qui firent de gros dégâts et tuèrent 39 personnes. Le lendemain fut la journée la plus coûteuse de la bataille pour le Fighter Command qui perdit 39 appareils et subit des dommages importants à Debden, Biggin Hill et Hornchurch.
Le 1er septembre, Biggin Hill subit son sixième bombardement en trois jours, et fut bombardé encore 24 heures après. Le 3 septembre, nouvelles bombes sur North Weald. Le 5 les principaux raids allemands mirent le cap une fois encore sur Biggin Hill et North Weald, mais ils furent repoussés. Le 4 et le 6 l'offensive s'étendit aux usines Vickers et Hawker près de Weybridge. Hawker produisait alors plus de la moitié des Hurricane et constituait donc un objectif d'importance vitale. Son choix était la preuve de la perplexité des Allemands devant la renaissance perpétuelle du Fighter Command et de leur souci de couper à la source le cordon qui l'alimentait.
Du 24 août au 6 septembre, l'ennemi n'effectua pas moins de 33 raids massifs, dont plus des deux tiers dirigés contre les aérodromes des P.C. de secteurs et les autres bases du Fighter Command. Ces attaques l'éprouvèrent plus que les précédentes, dirigées sur les objectifs de la ceinture côtière. Pour les pilotes anglais la tâche fut rendue plus difficile par la proportion sans cesse croissante des chasseurs d'escorte, et leur tactique de protection de plus en plus rapprochée des bombardiers. Pendant toute la quinzaine, on compta chaque jour environ 1 000 avions allemands sur la Grancle-Breta gne, dont 250 à 400 bombardiers. A deux reprises, les 30 et 31 août, le nombre des intrus se rapprocha de 1 500.
Lors de ces combats et des opérations de nuit qui suivirent, les Britanniques abattirent 380 avions allemands, au prix de la perte de 286 de leurs chasseurs. De nombreux autres avaient été sévèrement endommagés, et 103 pilotes tués et 128 blessés sur un effectif total de I 000. Sur les sept P.C. de secteurs du Group 11, six étaient gravement touchés, encore qu'aucun n'ait été mis hors d'usage. Mais Biggin Hill, par exemple, ne pouvait assurer le contrôle opérationnel que d'un escadron au lieu de trois.
Le Fighter Command épuisait ainsi peu à peu son potentiel, les pertes dépassant largement la production d'avions et de pilotes, et sa victoire se transformerait en défaite si les Allemands pouvaient maintenir leur effort assez longtemps.
combats aériens pendnat la bataille d'Angleterre

Ce qu'il nous faudrait: c'est un miracle.

Dowding pendnat la bataille d'Angleterre
Pour Dowding, le tableau s'assombrissait sans espoir d'éclaircie. Les dégâts infligés par les Allemands aux usines aéronautiques ralentissaient non seulement les fabrications mais aussi la remise en état des appareils endommagés. La production ne compensait plus les pertes. C'étaient toutefois les vides dans les rangs des pilotes qui inquiétaient le plus Dowding. Il craignait, en outre, que les survivants, déjà aux limites de l'épuisement ne perdent rapidement leur efficacité et leur cohésion au combat.
Dowding était profondément croyant. Il n'avait jamais douté un seul instant que Dieu ne fût du côté des Anglais. Il n'en reste pas moins que l'Air Chief Marshal souhaitait, à ce stade, recevoir un encouragement du Tout-Puissant. « Ce qu'il nous faudrait maintenant, avouait-il, c'est un miracle. »
Il ne savait pas que ce miracle, il l'avait déjà obtenu sous la forme d'une erreur de navigation commise de nuit par deux pilotes de la Luftwaffe. Cette faute allait contribuer, dans une large mesure, à changer le cours de la bataille d'Angleterre.